Paris-Tours devra mettre de l’eau dans son vin
L’expérience des chemins de vigne sera prolongée, mais avec des ajustements.
- Publié le 07-10-2018 à 20h53
- Mis à jour le 07-10-2018 à 20h54
L’expérience des chemins de vigne sera prolongée, mais avec des ajustements.
"Ce sera la dernière fois que nous faisons cette course, même si nous gagnons, cela n’a rien à voir avec le cyclisme sur route…" La 112e édition de Paris-Tours, qu’allait remporter l’excellent coureur danois Soren Kragh Andersen, avait encore une heure à durer quand Patrick Lefevere posta un message sur Twitter qui résumait son sentiment et celui de nombreux observateurs. En cause, les 12,5 kilomètres de chemins de vigne, répartis sur neuf secteurs non-goudronnés du vignoble du Vouvray. Cette nouvelle finale de Paris-Tours a-t-elle ou non sa place ? L’expérience doit-elle être poursuivie ou pas ? Christian Prudhomme, lui, était enchanté parce qu’il découvrait sur le grand écran planté avenue de Grammont et son adjoint, Thierry Gouvenou, directeur des compétitions chez ASO, a confirmé que l’expérience aurait un prolongement, avec des ajustements.
"On a été un peu surpris car lorsque nous étions venus en juin, c’était plus roulant", admettait le Normand. "Il y a eu des gros orages en été, qui ont provoqué d’importantes ornières (NdlR : celles-ci ont été rebouchées par les services communaux avec des… graviers et cailloux). Par endroits, c’était extrêmement limite, les coureurs s’enfonçaient."
Entre la course des espoirs et celles des pros, Gouvenou a d’ailleurs décidé d’écourter d’un bon tiers le plus long secteur, le 3e dans l’ordre croissant.
"Après, je suis content du déroulement de la course", dit-il. "J’ai conscience qu’il y a eu des crevaisons en nombre. On va devoir bouger le curseur, réduire le nombre des secteurs, les espacer plus, enlever les plus difficiles et en prendre d’autres… On verra. Nous partions dans l’inconnu, on va réajuster des choses. Je n’en ai pas encore parlé avec mes collègues, mais on ne va pas tourner le dos à ces chemins. Et les côtes ont vraiment dynamisé la finale. Tout cela a donné un vrai caractère de classique à Paris-Tours. C’était ‘punchy’. "
Que ce soit chez les coureurs, ou les directeurs sportifs, les avis sont partagés.
"C’était scandaleux, une course de mountain-bike", pestait Yves Lampaert, victime de deux crevaisons, et qui partageait le sentiment de son équipier Philippe Gilbert, on le lira par ailleurs.
Sep Vanmarcke (7e), lui, a, comme Guillaume Van Keirsbulck, pourtant éliminé par une grosse chute collective survenue avant même le premier tronçon, a adoré. "C’est plus comme Paris-Roubaix qu’une classique flamande, mais c’était vraiment difficile, j’ai aimé", disait-il. "Ils ont fait un bon choix."
Ce qui est sûr, c’est que l’an prochain, coureurs et équipes ne seront plus surpris. Le matériel aura été adapté, tout comme les services de dépannage.
"C’était original, c’est bien, sauf que ce n’est pas Paris-Tours, c’est ça qui me dérange, pas qu’il y ait ce genre de courses, mais il ne faut pas qu’il n’y ait plus que cela, non plus", dit Marc Madiot. "L’année prochaine, forcément, tout le monde se sera adapté et organisé. Beaucoup d’équipes ne l’étaient pas aujourd’hui. C’était aussi plus resserré qu’à Paris-Roubaix. dans la finale, c’était bosse-chemin, bosse-chemin… Je pense qu’il faut refaire pour voir. "
"Le Trophée Andros avec une Formule 1"
Sans doute le résultat de Paris-Tours aurait-il été différent si Philippe Gilbert n’avait été victime d’une crevaison alors que le Liégeois s’était échappé avec le groupe des plus forts. Dès ce moment, Gilbert savait qu’il ne réussirait pas le triplé. "À partir du moment où j’ai crevé, je ne savais plus où j’en étais dans la course", avouait-il. "J’ai repris des gars, mais ce n’est qu’à la fin, en revenant sur Naesen, que j’ai compris que je pouvais faire un Top 10." L’ancien champion du monde n’a pas trop apprécié son dimanche en Touraine. "C’était vraiment… (il réfléchit)… une course de VTT, sauf qu’on n’a pas les vélos, ni les roues adaptées. C’est un peu comme si on vous demandait de rouleur le Trophée Andros avec une Formule 1. On n’a pas le bon matériel pour ce parcours, ce n’est pas adapté à une course de cyclisme sur route. Il ne faut pas critiquer. Il faut être constructif, il faut se dire que ça n’a pas marché, c’est tout. ASO tirera les conclusions. Il y a certains secteurs où ça allait, d’autres ou c’était trop. Ici, c’est vraiment extrême. Je me dis que ce n’est pas une réussite, et pas parce que j’ai crevé."